Persona 5 : De meurtres sinistres à revendication sociale, partie 1

Avertissement : cet article contient des spoilers MAJEURS sur l’histoire de Persona 5. À lire seulement lorsque vous avez fini le jeu ou que vous n’avez pas l’intention d’y jouer.

C’est après plus de 115 heures de temps de jeux que je me mets à finalement composer cet article. De prime abord, ce texte se voulait une critique conventionnelle, mais la réalisation de plusieurs faits m’a fait changer d’avis. Si vous aimez les jeux RPG, les animations japonaises, les jeux de longue durée et les graphiques stylisés, il n’y a pas besoin d’article pour vous dire : Pourquoi n’êtes-vous pas déjà en train d’y jouer ? Ceci dit, il est très constructif d’analyser le contenu de Persona 5, étant donné sa nature très revendicatrice et d’un contexte sociologique complexe et problématique. Cette thématique aussi vient changer la nature de la série en soi, ce qui mène à se questionner si cela est pour le meilleur ou le pire. Vu la longueur de l’analyse, le texte sera divisé en deux parties.

À partir de maintenant, je vais élaborer plusieurs aspects de l’histoire qui sont clés à la compréhension globale des dites revendications, si vous continuez à lire, c’est à vos risques et périls.

Dès le début du jeu, Persona 5 nous dicte que les ressemblances à la réalité ne sont que fictionnelles. Le joueur doit accepter les conditions pour lancer le jeu. Bon, Atlus, je m’excuse, mais vous devriez prendre la responsabilité de vos messages, car Persona 5 est une critique directe de la société japonaise, de la politique et d’appel à l’action chez la jeunesse. Dès le début du jeu, le personnage principal est lancé dans une grave injustice après avoir été un être humain exemplaire en venant à la défense d’une femme abusée en pleine rue. L’agresseur, Shido, un homme politique influant, contrôle ainsi la police pour lui donner un dossier judiciaire, être expulsé de son école, être envoyé en famille d’accueil injustement par ses parents et être sous libération conditionnelle. C’est ainsi que l’injustice d’un monde corrompu par des gens en autorité est la base même de l’histoire et la motivation première des personnages principaux. Que ce soit un professeur manipulant pour des faveurs sexuelles, la réalité du monde artistique malsain et capitaliste, les entreprises inhumaines sans scrupules et surtout la politique manipulatrice, mensongère et meurtrière, toutes les sphères d’influences sont représentées dans Persona 5.

Et à qui vient le rôle de rappeler à ses sphères qu’ils n’accepteront pas cette injustice ? La jeunesse japonaise. À plusieurs reprises le slogan « We’ll have to show these corrupt adults » est utilisé par les personnages principaux. Ces derniers d’ailleurs étant tous à un certain degré victime du système et d’abus, et qui, face à l’adversité, décident de se battre en se mettant en danger pour « réformer la société », tel qu’ils disent eux-mêmes. Pour ce faire, ils doivent devenir illégaux, que ce soit par infraction, piratage et sabotage, ils doivent voler le cœur corrompu d’individus irrécupérables contre leur gré.  Ils sont littéralement prêts à se rebeller contre le système pour le faire changer, au risque d’être rejeté par la société. Vers la fin du jeu, c’est exactement ce qui arrive. Après avoir fait tomber l’abuseur du personnage principal, le politicien Shido, qui aura causé la mort de centaines de personnes, avoir manipulé l’opinion publique et avoir contrôlé une majorité des sphères d’influences, en l’exposant à la société Japonaise pour ses crimes, malgré cela, la population décide d’ignorer les faits et l’existence des personnages principaux.

C’est lorsque l’on découvre que la société elle-même est corrompue, par la volonté d’inaction. Une inaction dictée par une entité divine qui se nourrit de son contrôle et de l’ignorance de la société. Ce qui à mon avis est facilement représentable par le 1% de la société. Malgré cette force insurmontable, le message des personnages rebelles rejoint l’ensemble de la population et invoque une entité impie pour faire face à la divinité absolue. Il est le mal nécessaire pour faire tomber le système. Puis, dans ses derniers moments, Morgana, étant la représentation de l’espoir de l’humanité, dit ce message clé : « Les humains ont le pouvoir de changer le Monde. Ils l’ont seulement un peu oublié… ».

Photo en direct de ma télévision, étant donné la censure d’Atlus sur les screenshots du jeux

Donc, ce long résumé pour finalement en venir à la revendication du jeu. À une époque où la jeunesse est blâmée de tous les maux, que la contemplation face à l’adversité et la corruption est apparente, Persona 5 se place directement dans une vision réaliste du monde. Au Japon particulièrement, les jeunes sont vus comme une nuisance qui devrait seulement suivre ce qui leurs sont demandés de faire. Face à cela, Atlus via son jeu nous dit ceci : Le système est corrompu, le jeu est truqué d’avance et il faut s’en défaire, et il en vient à vous, la jeune génération, de briser les règles en faisant face à l’illégalité pour venir à bout de l’inaction globale face à la problématique. C’est un message, ma foi, encore plus surprenant vu la nationalité japonaise du jeu, ce qui ne me fait pas surprendre les actions pour contrôler leurs implications, tel que le contrat de début de jeu et le contrôle du partage.  [Source]

Ceci étant dit, je crois que c’est la première fois que la série Persona s’attaque littéralement à un problème de société allant au-delà de la découverte et l’acception personnelle. Il délaisse son côté sombre et meurtrier pour le convertir à l’obscurité dans l’âme de notre société corrompue, ce qui va beaucoup plus loin qu’un simple meurtrier psychopathe, qui sont la majorité des antagonistes de la série Persona. Ce détachement à son côté pathologique laisse place à un récit plus rationnel dont l’histoire n’est pas tissée autour d’une enquête et de mystères, mais plutôt de revendications bien définies et souvent sans de véritables surprises. Il sera donc pertinent d’analyser ce nouveau format narratif en comparaison à ce que la série Persona a réussi à créer dans le passé.

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